Interview "Une semaine avec..."
Nelly Plateau
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Interview Quelle lectrice êtes vous ?
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Interview Originale "Les feux de la rampe"
Nelly Plateau
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Les interviews Littéraires de Marie
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Interview : Le live du livre magazine
Nelly Plateau : entre écriture, théâtre et cinéma
Pascal Ashuza ven 20 septembre 2024
Interview Le live du livre
Nelly Plateau : entre écriture, théâtre et cinéma
Pascal Ashuza ven 20 septembre 2024
Originaire du sud de la France et aujourd’hui installée à Montréal, Nelly Plateau est une auteure au parcours atypique. Après des études de lettres modernes, elle a exploré plusieurs horizons professionnels, dont celui d’interprète en langue des signes et d’enseignante de français en Nouvelle-Zélande. En 2024, elle réalise un rêve de longue date avec la publication de son premier roman Les Choses évaporées. Ce livre propose une réinterprétation du mythe de Dom Juan, mélangeant fantastique, science-fiction et dystopie.
Dans cet entretien inédit, Nelly Plateau partage son expérience d’écriture, ses inspirations et son regard sur le monde littéraire contemporain.
1. Nelly Plateau, comment vos voyages ont-ils influencé votre écriture ?
Mes voyages sont une source d’inspiration pour mes écrits.
Cela influence mon style d’écriture, car lorsque j’utilise mes propres souvenirs pour écrire sur un lieu que je connais, toutes les sensations reviennent et ont besoin de ressortir sur le papier.
Le lieu est relié à un instant, un vécu qui génère des émotions et des sentiments.
Dans ces moments-là, tout est très prégnant dans ma mémoire et lorsque j’utilise ces différents endroits dans un roman tout est « déjà prêt » :
- le côté visuel et descriptif,
- les odeurs, les goûts,
- les ressentis,
- la kinesthésie,
- les bruits, le toucher… Souvent, mon écriture prend un tour plus poétique.
Voyager permet aussi de se sortir de ses habitudes et de réactiver les sens.
Voir de la nouveauté, être surpris, étonné, donne accès à un maniement des souvenirs sous une autre forme et à une exploration de cette expérience lors de la rédaction.
2. Pourquoi revisiter le mythe de Dom Juan dans « Les Choses évaporées » ?
J’ai toujours eu envie d’écrire un livre et j’avais commencé par produire des textes et des nouvelles en atelier d’écriture lorsque j’étais étudiante en Lettres à l’université.
Après avoir travaillé en cours sur Dom Juan ou le festin de pierre, de Molière, j’avais eu besoin de transposer l’histoire dans notre société moderne.
J’avais vingt ans et je me posais des questions sur les relations amoureuses et ce qui différenciait la séduction de l’amour.
Le sujet sous-jacent était de savoir si les manigances de dragueur de Dom Juan pourraient tenir le choc face à notre époque.
J’avais donc écrit une nouvelle Jean de Deaumont, qui reprenait les scènes de Dom Juan et les jouait dans des décors actualisés des années 2000.
Cette nouvelle, achevée en tant que premier jet, m’a poursuivie durant des années, au fil de ma vie.
La question de l’amour et séduction est restée, mais ma vision des choses a évolué.
Il y a cinq ans, l’envie d’écrire était toujours très présente et j’ai repris ma nouvelle et réécrit le début de l’histoire.
J’avais réussi à implanter un nouveau lieu et à faire émerger mes personnages (deux femmes, un ascenseur).
Avoir une base de récit et des protagonistes m’a offert la possibilité de me lancer totalement dans mon idée, l’année dernière en 2023.
J’ai eu un peu plus de temps libre et j’ai sauté sur l’occasion pour enfin me focaliser sur mon roman et réaliser mon rêve.
Par ailleurs, les vingt-cinq ans de maturation ont permis d’ajouter de la profondeur à la réflexion et à mon projet de livre, ce que je ne regrette pas.
3. Avez-vous des rituels d’écriture quotidiens ?
Je n’ai pas d’horaire d’écriture spécifique ni de véritables rituels.
L’important pour moi est d’écrire tous les jours dès que j’ai du temps libre.
Cela se fait à n’importe quel moment de la journée en dehors de mon travail.
Cela peut être de la correction de mes textes déjà existants, de la rédaction d’une scène, de la réécriture ou approfondissement de certains paragraphes, ou encore de la réorganisation de chapitres, mise en place du calendrier de l’intrigue, etc.
Mon habitude essentielle est d’apporter mon carnet de notes ’, et souvent mon ordinateur portable, partout avec moi.
Cela me permet de consigner toutes les idées qui me viennent au cours de la journée. L’inspiration arrive spontanément et cela peut-être une phrase, un dialogue entre mes personnages qui surgit, un thème, une séquence, un lieu intéressant, les liens que je fais dans l’intrigue et que je veux faire ressortir.
Lorsque je lis le soir, je garde aussi mon carnet de notes avec moi, car des bribes de pensées, ou des passages complets à écrire me parviennent et je relève le tout pour ne pas les oublier.
Le lendemain, ou le plus tôt possible, je recopie mes pages en les retravaillant directement dans mon manuscrit sur ordinateur.
4. Comment l’interprétation en langue des signes influence-t-elle votre écriture ?
Dans Les Choses évaporées, il est évident pour moi que l’influence de mon métier d’interprète en langue des signes est présente.
L’aspect visuel, presque cinématographique selon les moments, a tout de suite imprégné le roman.
Ma manière d’aborder les scènes, de décrire l’environnement part toujours d’une mise en place d’un lieu, puis des éléments et des personnages pour ensuite suivre le point de vue d’un des protagonistes.
De même, les échanges de regards et les expressions du visage et corporelles reviennent souvent dans ce livre et renseignent sur les relations et les ressentis des différentes figures entre elles.
À la réécriture, j’ai dû insister, dans certains passages de fiction, sur tous les autres éléments que j’avais négligés : les odeurs, les sons, par exemple, pour que le discours soit équilibré et d’autant plus immersif.
Les langues des signes ont des structures grammaticales et syntaxiques différentes des langues parlées et écrites et il n’est pas possible de calquer un récit en langue des signes directement en suivant l’ordre des signes et en le transposant avec des mots français.
Néanmoins, si je dois faire un parallèle, il me semble que mon utilisation des phrases courtes, directes et factuelles s’inspire de la langue des signes.
Enfin, tout comme dans mon métier j’ai cherché dans chaque énoncé à être concise et claire, et à toujours manier le vocabulaire juste qui exprimait exactement ce que je voulais dire.
Mon objectif était de dire en peu de mots, ce que je souhaitais signifier, d’évoquer en une seule image un moment et de permettre une compréhension éclair dans la tête du lecteur.
5. Quels sont vos projets littéraires après « Les Choses évaporées » ?
Actuellement, je viens de terminer mon second roman qui traite du thème de l’identité et du déracinement et je suis en phase de réécriture.
C’est l’histoire d’un personnage, dans un futur proche, Marseillais d’origine, qui entame sa dixième année d’expatriation au Canada.
Un jour, son quotidien dévie : il ne se reconnaît plus dans le miroir, sa nouvelle colocataire l’inquiète, et son emploi de testeur de jeu vidéo est menacé.
Aidé de la psychologue assignée par son entreprise, il tente de redresser au plus vite la situation. Malheureusement, les choses sont loin d’aller dans le sens qu’il avait prévu.
Dans mes dossiers, j’ai aussi déjà préparé un récit plus court d’une partie de mes souvenirs d’enfance.
Ces écrits sont à l’état de premier jet et je dois encore les enrichir et les mettre en forme.
Je souhaite écrire cette partie autobiographique du point de vue de l’enfant que j’étais.
Cela va être un vrai défi de m’approprier une voix, un style, un vocabulaire de petite fille sans pour autant perdre l’attention du lecteur !
L’autre défi sera également de me replonger dans ces souvenirs avec moins de détachement que ce que j’ai pu écrire jusqu’à présent, car je devrai me glisser dans ma peau d’enfant de cinq à huit ans…
Enfin, j’ai une idée de prochain roman qui est à l’état gestationnaire, mais qu’il me plairait beaucoup d’écrire. L’histoire d’une femme sur plus d’une vie.
6. Comment voyez-vous l’avenir de vos projets entre littérature, théâtre et cinéma ?
Pour le moment, je me concentre sur la littérature et la promotion de mon premier roman.
Je termine mon second et je vais me mettre à la recherche d’une maison d’édition probablement dans deux à trois mois. Ce qui demande beaucoup d’énergie.
Malheureusement je n’ai plus le temps de suivre mes cours de théâtre et je ne participe plus à des courts métrages étudiants comme j’ai pu le faire jusqu’à l’année dernière.
Cela est vraiment dommage, car j’aime beaucoup ces activités-là.
Elles me permettent de m’exprimer d’une autre manière et cela m’apporte un regard nouveau sur mes écrits et mes personnages.
En effet je retrouve des similitudes quand j’apprends dialogues et que je me glisse dans un rôle et lorsque j’écris et que je prends le point de vue d’une de mes protagonistes.
C’est un exercice incroyablement satisfaisant.
Montrer un texte en « réel » avec son corps et sa voix est une pratique d’extraversion que je n’ai pas dans l’écriture, qui demeure une activité très solitaire !
Pour le moment je ne peux pas me concentrer sur tout, mais je ne désespère pas d’y revenir dès que j’en aurai l’occasion et le temps.
Les interview Littéraires de Marie FB : Lecteurs, auteurs et éditeurs
Marie : Naomititov@gmail.com 27 août 2024
1. Pouvez-vous nous parler de votre dernier ouvrage ? Quelle en est l'inspiration principale et quel message souhaitez-vous transmettre à vos lecteurs/lectrices ?
Mon roman s’intitule “Les Choses évaporées”. L’inspiration de ce livre m’est venue il y a 25 ans, alors que j'étudiais les Lettres Modernes. Nous avions étudié “Dom Juan” de Molière, et j'avais été très surprise par l'intervention du fantastique (métaphorique ou non) à la fin de l’œuvre. J’ai eu envie de transposer cette histoire à un séducteur moderne, ayant autour de moi un parfait modèle de fêtard désabusé. J'avais écrit une nouvelle à ce sujet. L'an dernier, j'ai repris ce texte avec l'idée d'en faire un roman. Entre mes 20 ans et mes 46 ans, bien des choses se sont passées et mon regard sur cette histoire a bien sûr évolué. Je voulais tourner en dérision le côté "romantique, amoureux, séduction", mais je ne savais pas comment manier l’ironie à l’écrit. C’est en lisant un livre de Colette que j’ai trouvé la voix de ma narratrice : il y avait un dialogue entre deux femmes, l’une racontant ses amours impossibles et mielleuses, et l’autre (la narratrice) l'écoutait avec sarcasme sans lui en faire part. Il y avait donc deux discours dans un seul texte. Pour moi, ce fut le déclencheur pour réécrire le début de mon livre.
C’est aussi là que le message et l’intention sont apparus : le temps qui passe, le recul et la maturité, des choses qui s’évaporent (littéralement !) et d’autres qui restent immuables.
2. Comment décririez-vous votre processus d'écriture ? Avez-vous des rituels ou des habitudes spécifiques lorsque vous écrivez ?
Alors que j’écris mon second livre, je remarque des similitudes dans ma manière d’aborder l’écriture. Je pars d’une idée et j’écris le début, la fin et l’intrigue. En général, à ce stade, j’ai déjà une idée de mes personnages et de leur caractère. Je note mes idées en vrac, trouve le fil conducteur entre elles et les répartis en chapitres en essayant d’équilibrer les différentes parties. Ensuite, j’écris des scènes selon mes envies, c’est ce que je préfère faire. L’inspiration vient d’un mot, d’une expérience de vie, d’un dialogue entre les personnages, d’une chanson qui colle à leur situation… Une scène naît et je la développe. Ensuite, je l’intègre à l’endroit approprié dans le déroulement de l’histoire. Bien sûr, tout cela est mouvant, et les chapitres et scènes peuvent changer de place plusieurs fois avant d’arriver à leur disposition définitive.
3. Quelle est la partie la plus difficile de l'écriture pour vous, et comment la surmontez-vous ?
Le doute est la partie la plus difficile. Je doute de l’histoire, de sa pertinence, de ma capacité à mener à bien le projet, de le rendre intéressant pour moi et pour les autres. Pour surmonter cela, je travaille sur mon roman. Plus j’écris et avance, plus les choses se mettent en place. Parfois, je m'oblige à retourner à mes écrits, même lorsque l’envie n’est pas là et que la relecture me semble « pas terrible ». Souvent, en m'y replongeant, c’est désagréable les cinq premières minutes (mon sens critique envers moi-même est intransigeant !), mais ensuite, en retravaillant les phrases, les mots, en réagissant les paragraphes et les tournures, je me sens en maîtrise, et cela va mieux. Cela ne veut pas dire que je serai totalement satisfaite de ma réécriture le jour suivant, mais au moins cela fait avancer l’écriture.
4. Comment développez-vous vos personnages ? Y a-t-il des éléments de votre propre vie que vous incorporez dans vos personnages ?
Les personnages sont des patchworks de personnes et de personnages qui m’inspirent, que ce soit dans mon entourage, dans des livres ou des films. Je note souvent des bribes de phrases, des idées dans mon cahier lorsque je remarque un trait de caractère ou une particularité physique que je souhaite utiliser. Il y a toujours un peu de moi en chacun d’eux également. Je leur fais une fiche sommaire, mais surtout, je les mets en situation pour observer leur réaction, je me glisse dans leur peau. Cela me plaît beaucoup, car ayant pris des cours de théâtre et joué dans quelques courts métrages, c’est un aspect que j’apprécie tout particulièrement (appréhender la voix, les tics, la psychologie d’un rôle et d’un personnage).
5. Avez-vous une routine de recherche particulière pour vos livres, surtout s’ils sont historiques ou nécessitent des connaissances spécifiques ?
Je fais des recherches lorsqu'il y en a besoin. Si je cite une phrase, une personne, un lieu, je vérifie toujours mes informations avec différentes sources et à deux moments différents. Pour “Les Choses évaporées”, j’avais des références de tableaux et de peintres que j’ai dû documenter pour être certaine de ce que j’avançais. J’ai vérifié les noms de rues que je connaissais et que je citais à Paris, Florence et New York afin de confirmer mes souvenirs !
J’ai utilisé Google View pour me remémorer certains endroits et Google Maps pour vérifier les temps de trajet entre deux points. J’ai cherché des vidéos et des photos pour pouvoir décrire correctement la chapelle italienne, le palais de la Baronne, l’église Saint-Eustache, et la tombe au Père Lachaise.
6. Comment gérez-vous les critiques de vos œuvres, qu’elles soient positives ou négatives ?
La critique est nécessaire et il y a un moment pour cela et une manière de le faire. Pour ma part, lorsque je demande des commentaires critiques lors de la bêta-lecture, je suis prête à les recevoir. C’est un moment où j’en ai besoin pour avancer. Une fois le roman écrit et publié, j’aime discuter de l’œuvre avec des personnes bienveillantes qui savent pointer du doigt ses faiblesses ou exprimer leur avis sans malveillance. J’ai remarqué que lorsque certains avis convergent sur certains points, il y a probablement quelque chose à revoir (une intervention mal comprise, un acte d’un personnage, etc.). Néanmoins, on peut recevoir des avis totalement opposés. J’ai pu être témoin d’une discussion entre des amis qui ne s’accordaient pas sur un personnage, sur la trame ou sur d’autres détails de mon livre. Quand cela arrive, c'est une question de goût et de sensibilité, de manière de comprendre l’histoire et de s’identifier avec tel ou tel personnage. C’est de la subjectivité, et on ne peut pas plaire à tout le monde !
Il ne faut donc pas prendre tous les commentaires au pied de la lettre. Il est intéressant de les écouter, de les analyser et de se faire sa propre opinion de la manière la plus honnête possible.
7. Quel(s) auteur(s) ou quelle(s) autrice(s) vous ont le plus influencé dans votre carrière et pourquoi ?
J’ai des lectures éclectiques, et j’aime découvrir de nouveaux styles et auteurs. Il m‘est difficile d’en choisir juste quelques-uns, car tous ont contribué à nourrir mon envie d’écrire.
Amélie Nothomb pour sa liberté imaginaire et sa recherche du mot juste, Bernard Werber pour son côté science-fiction et son ouverture d’esprit (ainsi que son encouragement envers les futurs écrivains), Daniel Pennac pour l'attachement aux relations humaines et son point de vue unique, Fred Vargas pour ses intrigues si bien ficelées et intelligentes, avec des personnages profonds, Katherine Pancol pour la justesse des sentiments et des personnages, les premiers livres de Laurent Gounelle pour le développement personnel et l’empathie, Barjavel à une époque pour la science-fiction réaliste, et bien sûr, les auteurs classiques comme Zola et Balzac (Nana, Au bonheur des dames) pour les descriptions et l'immersion totale dans un récit… Et bien d’autres.
8. Si vous pouviez dîner avec n'importe quel(le) auteur(autrice), vivant(e) ou décédé(e), qui choisiriez-vous et pourquoi ?
Encore difficile d’en choisir un parmi tous ceux-là ! J’imagine un grand banquet où il y aurait une profusion de rencontres et de discussions.
9. Quel conseil donneriez-vous aux écrivains et écrivaines en herbe qui cherchent à publier leur premier livre ?
Je suis primo-romancière, donc encore débutante. Si leur livre est écrit, déjà je dirais bravo, car c’est un cheminement difficile. L’étape suivante, essentielle, est de
laisser décanter le manuscrit pendant plusieurs semaines pour y revenir ensuite avec du recul et le retravailler. Il est également important d'avoir un point de vue extérieur venant d’un professionnel de l’édition. Leur critique du manuscrit (qui doit être faite de manière professionnelle, en dosant jugement et critique constructive tout en mettant en valeur les points réussis) sera essentielle pour un premier roman, afin d’éviter les pièges dans lesquels nous tombons souvent en débutant. Cela a un coût, mais le retour est inestimable. Ensuite commence le dernier travail, celui de la réécriture. La recherche d’une maison d’édition pourra se faire par la suite, en les ciblant bien selon le genre du livre, ou bien en passant par l’autoédition.
10. Comment voyez-vous l'évolution du monde de l'édition et de la littérature avec l'essor du numérique et des réseaux sociaux ?
De mon côté, j’aime les livres papier, mais j’ai aussi une liseuse qui me permet une plus grande liberté de transport, de choix et de découvertes.
Au niveau du marché, il est difficile de prévoir l’évolution. Le monde de la littérature et des maisons d’édition reste un milieu très fermé. Pouvoir utiliser l’autoédition et le numérique est une vraie chance pour les nouveaux auteurs. Néanmoins, la force de frappe des maisons d’édition, leurs réseaux et leurs connexions journalistiques ne peut être facilement concurrencée par un auteur autoédité qui doit tout gérer seul ! Le revers de la médaille, c’est que l’autoédition, facilitée par l’impression à la demande, génère un grand nombre de sorties de livres, et il est impossible pour le lecteur de s’y retrouver tellement le choix est vaste, et quasiment impossible pour l’auteur de se faire connaître tant le nombre de nouveaux auteurs est exponentiel.
11. Avez-vous des projets futurs dont vous aimeriez parler ?
J’écris actuellement mon second livre, que j’ai commencé l’année dernière. Le personnage, marseillais d’origine, entame tranquillement sa dixième année d’expatriation au Canada, mais son quotidien est chamboulé. Il ne se reconnaît plus dans le miroir, une nouvelle colocataire l’inquiète, et son emploi est menacé. Même les androïdes de son équipe lui mènent la vie dure. Aidé de sa psychologue, il tente de remettre de l’ordre dans sa vie. La voie qu’il choisit pour résoudre ses problèmes n’est peut-être pas la plus simple !
J’ai aussi écrit un autre récit autobiographique sur mes souvenirs de petite enfance. Cela sera probablement une fiction autobiographique.
En ce qui concerne “Les Choses évaporées”, mon premier roman, je cherche à faire un recueil de neuf dessins illustrant les planches réalisées par Manu, la jeune dessinatrice de mon livre qui publie un album. N’étant pas moi-même dessinatrice, je cherche un moyen de mettre cela en place. J’espère que ce projet verra le jour.
12. Quel est le livre que vous avez lu récemment et qui vous a le plus marqué ? Pourquoi ?
“Songe à la douceur” de Clémentine Beauvais. Une amie proche me l’a conseillé après avoir lu mon roman, y trouvant un je-ne-sais-quoi de similaire. J’étais curieuse et j’ai été surprise. Le livre est écrit en vers libres, et rien dans celui-ci ne pourrait faire penser à mon roman ni à mon style, au premier abord. Mais je suis reconnaissante envers cette amie, c’est là qu’on reconnaît les vrais amis, car elle a su cerner les similitudes entre les deux récits sans vraiment réussir à m’expliquer quoi exactement. Moi-même, je me suis reconnue dans ce livre, et cela me pousse à explorer plus loin mon écriture et mon dévoilement, ce qui est très ardu à faire lorsqu’on écrit. Peut-être que mon projet d’autofiction sera le bon moment pour me lancer plus en profondeur dans cette voie.
13. Pouvez-vous partager une anecdote amusante ou mémorable de votre parcours d'écrivain(e) ?
Mon parcours d’écrivaine est tellement récent que je n’ai pas vraiment de faits amusants à relater pour le moment. En revanche, j’ai une anecdote à raconter sur laquelle j’ai réalisé il y a quelque temps qu’elle se liait totalement avec mon livre, comme un signe ?
Il y a plusieurs années, j’intervenais en France sur les journaux télévisés comme interprète en langue des signes. Un jour, en arrivant au travail, je monte à la dernière seconde dans l’ascenseur et je tombe nez à nez avec Amélie Nothomb. Autour de nous, des grands messieurs, et devant moi, cette femme, de la même taille que moi, pas très grande donc, tassée au fond de la cabine. J’étais sidérée, et elle m’a lancé un gentil « Bonjour ! ». J’ai souri et répondu tout bas, « Bonjour. »
Nous n’avions qu’un étage à monter. Nous nous sommes quittées, elle est partie faire son interview pour “Riquet à la houppe” en plateau pendant que je préparais mes traductions.
Je suis restée sans rien dire, alors que j’aime ses livres, qui m’accompagnent depuis le collège et la sortie de “Hygiène de l’assassin”. J’aurais pu dire beaucoup de choses, mais rien n’est sorti. C’est tout moi.
Ce qui est drôle, c’est que mon roman raconte la rencontre de deux femmes dans un ascenseur…
14. Si vous pouviez être un personnage de fiction pour une journée, qui choisiriez-vous et pourquoi ?
Enfant, je voulais être Indiana Jones ou MacGyver, pour la liberté et les aventures extraordinaires.
15. Quelle est votre citation préférée sur l'écriture ou la lecture, et pourquoi résonne-t-elle avec vous ?
« Il y a des gens dont le regard vous améliore. C'est très rare, mais quand on les rencontre, il ne faut pas les laisser passer. » “Les Yeux jaunes des crocodiles” de Katherine Pancol
C’est une citation qui me touche profondément, car elle s’applique autant à la vie qu’à l’écriture d’un livre. Les critiques constructives que j’ai reçues lors de l’analyse de mon manuscrit par une professionnelle de l’édition m’ont permis de m’améliorer, moi et mon livre.